En savoir plus

Le Blog

 

Retrouvez ici informations et points de vue sur la séparation et le divorce sous les angles émotionnel, juridique et procédural.

La place des enfants dans la rupture du couple (1)

par | 9/09/2014 | Réflexions

L’impacte de la rupture du couple parental sur les enfants n’est pas à négliger tant la séparation de leurs parents représente pour eux un bouleversement important de nature à impacter durablement leur existence. Nous allons consacrer une longue série d’articles à ce sujet afin d’apporter un éclaircissement suffisamment complet sur cette difficile problématique de la prise en compte de l’intérêt de l’enfant à l’occasion de la séparation de ses parents. Les enfants sont souvent les principales victimes des tensions inhérentes à la séparation de leurs parents. La rupture du couple parental mobilise en effet tant d’enjeux qu’elle constitue souvent un moment où incompréhension et souffrance des adultes laissent la place à la colère, aux non-dits et à nombre de sentiments confus aboutissant à un conflit qui se déplace de façon récurrente de la sphère conjugale à la sphère parentale, reléguant l’intérêt de l’enfant au second plan. La priorité en la matière est de maintenir, autant que faire se peut, le lien de l’enfant avec ses deux parents, en dépit de leur séparation.

Les enfants souffrent généralement moins de la séparation en tant que telle que des circonstances de celle-ci

Les enfants vont être sensibles aux conditions de la séparation de leurs parents, étant peu en capacité de se protéger par eux-mêmes des conséquences déstabilisantes, voire même destructrices de la rupture du couple parental. Pour un enfant, la séparation de ses parents, même si elle se passe bien, représente généralement une grande souffrance à tel point que la majorité des enfants continuent à espérer longtemps secrètement la reconstitution du couple originel de leurs parents. La séparation des parents peut même dans certains cas représenter une véritable violence psychologique pour les enfants qui deviennent les victimes impuissantes des relations conflictuelles des adultes. Ne dénombre-t-on pas un nombre croissant d’enfants victimes de la séparation de leurs parents dans les consultations de ville des pédopsychiatres? Il serait bien évidemment plus utile d’accompagner les parents lors de l’élaboration des modalités de leur séparation avec une approche psycho-affective avant d’aborder l’étape délicate de la phase judiciaire de la procédure. Cela permettrait de dédramatiser la séparation en favorisant un climat de nature à faire recouvrer aux parents une communication apaisée pour parler ensemble de l’avenir de leurs enfants. Au lieu de cela, nombre de parents restent otages de leur conflit, ce qui les déresponsabilise complètement et les rendent incapable d’assumer les devoirs qu’ils ont à l’égard de leurs enfants. 29272424-enfant-triste-souffrance-et-ses-parents-ayant-la-discussion-difficile-dans-une-cuisine-a-la-maison-p

Cette médiation parentale préalable à toute action judiciaire permettrait aux époux d’éviter les affres de la procédure contentieuse de séparation.

En matière de séparation de couple, on déplore encore toujours un nombre trop important de procédures conflictuelles. Or le recours à la justice pour fixer les modalités de la séparation du couple est loin d’être une solution satisfaisante pour apaiser les tensions au sein du couple parental.

En premier lieu, le simple fait de recourir à la justice pour arrêter les modalités de la séparation ne favorise pas l’apaisement du conflit, ne permettant pas de responsabiliser les parents et de les remettre sur le chemin d’une communication constructive car le juge aux affaires familiales ne peut que trancher le débat, notamment sur la résidence de l’enfant et les contributions financières des parents (pensions alimentaires), au vu des pièces communiquées, des dires des parents et des conclusions des avocats. L’expérience montre que le climat initial déjà délicat est très souvent aggravé par l’effet d’emballement de la procédure judiciaire à cause des pièces et attestations produites au dossier, des paroles prononcées lors de l’audience ou des conclusions et plaidoiries des avocats. Le conflit est alors cristallisé et la décision judiciaire, si elle apporte une réponse en fixant un cadre aux relations parentales, n’agit aucunement sur la source du conflit.Il faut changer les mentalités : les époux ne doivent plus se considérer sous tutelle de leur avocat ou du juge aux affaires familiales.

Par ailleurs,  les juges ont souvent recours à l’enquête sociale, parfois accompagnée d’une expertise psychologique, voire psychiatrique, d’un parent, des deux parents, voire de l’enfant ou de toute la famille… En pratique, de telles mesures sont souvent ordonnées par les juges à la demande des avocats. L’expérience montre que bien souvent au lieu de représenter de simples aides à la prise des décisions de justice, les enquêtes sociales orientent bien trop directement ces décisions, les juges ayant tendance à s’appuyer sur le travail de l’enquêteur social ou de l’expert judiciaire pour fonder leurs décisions. Dans le pire des cas, les enquêtes sociales ou les rapports d’expertises ne font qu’alimenter le conflit, étant utilisés dans leurs points négatifs et stigmatisés par les conseils des parents à l’appui de leurs prétentions parfois discutables, ce qui ne fait que figer ou même renforcer les prises de position de chacun dans un combat déloyal.

Un enfant, pour se structurer psychiquement, a besoin de ses deux parents capables de se respecter et de dialoguer ensemble en bonne intelligence des questions le concernant, dans le sens de son seul intérêt. En évitant les inconvénients du recours à la procédure judiciaire, puisque le juge ne va plus être consulté que pour valider les modalités choisies d’un commun accord par les conjoints, l’approche psycho-affective de leur séparation permettrait aux époux de tenir pleinement leur rôle de parent à l’égard de leur l’enfant . Nous aborderons dans un prochain article de la série consacrée à la place des enfants dans la séparation de leurs parents la délicate question de l’audition de l’enfant en justice.

 

Retour au Blog

Share This