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La place des enfants dans la rupture du couple (3)

par | 15/09/2014 | Psychologique

Nous continuons notre série d’articles consacrés à la place des enfants dans la séparation de leurs parents. Après avoir commencé à réfléchir sur l’importance de ne pas négliger l’impact sur les enfants de la séparation de leurs parents, qui représente pour eux un bouleversement de nature à impacter durablement leur existence (http://t.co/kcoiBUzOjw), nous nous sommes penchés sur la délicate question de l’audition des enfants en justice (http://t.co/FqVg3zIw9k). Nous allons maintenant nous intéresser aux aspects plus psychologiques du trouble causé chez l’enfant par la rupture amoureuse de ses parents. Les conflits conjugaux, et à fortiori les ruptures des couples parentaux, sont rarement sans effet sur le psychique des enfants. L’instabilité croissante des liens familiaux témoigne d’une déstabilisation de l’individu et de sa difficulté à s’insérer dans l’existence, étant de plus en plus souvent enclin à gérer les crises par des réflexes de rupture.

Beaucoup de jeunes connaissent ainsi des troubles de filiation qui les handicapent pour acquérir leur identité et se socialiser.

Les enfants vivent les crises et les ruptures conjugales comme des menaces susceptibles de les fragiliser psychologiquement, en contrariant la construction de leur personnalité, même si parfois les enfants se sentent soulagés de ne plus être soumis perpétuellement aux conflits conjugaux grâce à la séparation de leurs parents. Bien entendu, tous les enfants ne sont pas impactés de la même façon et le conflit conjugal ou la séparation sera plus ou moins bien accepté et assumé selon la nature de l’enfant qui y est confronté. C’est une situation qui malheureusement se banalise et le fait pour les enfants de côtoyer dans leur univers proche d’autres camarades étant dans la même situation les aidera à relativiser leur situation. A l’inverse, ceux qui vivent dans un climat familial harmonieux s’inquiètent de la désunion possible de leurs parents quand ils constatent, à l’école, le nombre croissant de camarades issus de familles dissociées ou recomposées.

Nous mettons ici le doigt sur l’un des paradoxes de la psychologie enfantine qui souhaite à la fois inconsciemment séparer ses parents pour mieux les posséder et redoute leur désunion dans la crainte d’être abandonné. Ce phénomène peut donner lieu à d’étranges témoignages d’enfants, certains étant tellement déstabilisés par le deuil d’une relation familiale épanouissante qu’ils vont même jusqu’à avouer préférer la mort de leurs parents. La séparation des parents peut aussi rendre plus compliqué la résolution du complexe d’Œdipe qui consiste à se séparer et à renoncer à l’exclusivité parentale car avec la désunion de ses parents, l’enfant ne peut se défaire d’une réalité dont il est déjà séparé. La séparation peut perturber l’enfant au sujet de l’appréhension de la notion d’amour car les parents vont utiliser le même vocable pour décrire le lien affectif qui existait entre eux et celui qui existe entre eux et l’enfant. Dire à un enfant : « papa et maman ne s’aiment plus mais ils t’aiment encore » n’a pas de sens. L’enfant est en droit de penser : si vous ne vous aimez plus, vous ne pouvez plus m’aimer non plus. C’est ainsi que l’enfant ressent la rupture.

La plupart des difficultés vécues dans l’enfance aura des répercussions à l’âge de l’adolescence ou adulte. Pour nombre d’entre eux, l’onde de choc se manifestera en effet plusieurs années après, généralement lors des premiers émois amoureux. Il faut être tout autant attentif à l’enfant qui ne semble pas atteint qu’à celui qui montre des signes de mal-être. Il faut toutefois relativiser les choses car si les enfants du divorce manifestent des troubles du comportement, statistiquement ils ne présentent pas de troubles psychopathologiques plus importants que dans le reste de la population juvénile. C’est la mésentente qui perturbe le plus l’enfant dans la mesure où il ne sait plus très bien s’il doit continuer à faire confiance à ses deux parents. Il leur fait moins confiance dans la mesure où ils sont incapables de résoudre leurs problèmes affectifs, ce qui le déstabilise beaucoup.

Les conséquences psychologiques de la mésentente des parents sur les enfants

L’enfant, pour se construire, a besoin de participer à la cohérence parentale. Si cette cohérence est rompue, l’enfant peut avoir le sentiment de vivre un sentiment d’effondrement intérieur.  Cette réaction s’explique par le fait que la relation affective avec les figures parentales fonde l’unité de la psychologie de l’enfant, le stabilise et assure le contact vital avec le monde extérieur : il s’appuie sur cette relation pour exister et trouver des modalités relationnelles avec les autres.  L’amour des parents entre eux est primordial à la construction affective de l’enfant car l’amour parental ne prend sens qu’à partir de l’amour conjugal. Avec la séparation de ses parents, le monde s’écroule, l’enfant subit la perte de ses repères, la perte d’un état qui le renvoie à un sentiment d’abandon et à un sentiment de solitude sans protection.

En effet, l’enfant apprend la vie en société à partir de son expérience familiale. Il est le témoin de la façon dont ses parents sont capables de résoudre les divers problèmes de l’existence, à commencer par ceux de la vie domestique. Ainsi donc, les échecs parentaux vont faire naître des doutes dans l’esprit de l’enfant : Puis-je réussir là où mes parents ont échoué? Le rôle des adultes est d’être médiateur entre l’enfant et le monde extérieur. L’instabilité du lien conjugal va provoquer chez l’enfant un risque d’immaturité et d’instabilité affective. L’adolescent peut être enclin à se précipiter trop tôt dans des relations de couples précoces: la recherche de relations pseudo-amoureuses et transitoires pour se rassurer, à travers lesquelles l’adolescent est dans la recherche de soi à travers l’autre.

 

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