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La victoire de la victime sur le pervers (4)

par | 31/08/2015 | Pervers-narcissiques, Psychologique

Achevons notre étude des pervers-narcissiques par un dernier article plein d’espoir consacré à la guérison et au pardon. Bonne nouvelle : la victime a infiniment plus de chance de guérir que le pervers.  Sa renaissance est complète, la reconstruction s’opérant en partant des fragments de personnalité préservés. A terme, il ne s’opère pas un retour à l’état initial existant au moment de la rencontre malheureuse, la victime renaissant plus forte et plus aguerrie que jamais. L’accompagnement d’un thérapeute est nécessaire pour comprendre et dépasser son profil de victime de pervers et se donner les moyens de ne plus y succomber. Le travail de reconstruction permet notamment de dépersonnaliser le sentiment d’échec qui poursuit la victime tant qu’elle ne comprend pas qu’elle n’a pas été choisie pour elle-même mais parce qu’elle correspondait à un profil. Dans ce travail de guérison, un élément est central : le pardon.

Le pardon de la victime

Le  pardon est une étape essentielle dans le processus de guérison de la victime : tant qu’elle en veut à son agresseur (ou à elle-même), sa victoire n’est pas totale. Le pardon permet la guérison du cœur, dernier rempart l’empêchant de renouer durablement avec le bonheur. Mais la question du pardon a plusieurs facettes :

Se pardonner à soi-même, d’abord

La victime va commencer son travail de reconstruction en se reprochant de n’avoir pas su se protéger contre les manigances du manipulateur. Elle va devoir faire face à sa propre implication dans le phénomène, et l’assumer y compris vis à vis de personnes qui l’auraient mise en garde et qu’elle n’a pas voulu (ou pu) écouter. Mais cette phase d’auto-critique nourrit colère, haine et mauvaise estime de soi. La victime ne doit pas rester figée dans le sentiment d’échec sinon elle fera gagner le pervers, continuant elle-même le travail de destruction qu’il a mis en place.  Reconnaître ses limites et ses carences permet d’enclencher le processus de pardon à soi-même et de construire un être à la personnalité plus souple qui s’adaptera mieux aux vicissitudes de l’existence.

Pardonner au pervers, ensuite ?

Acte de courage pour certains, de lâcheté pour d’autres, l’acte de pardon peut aussi avoir une connotation religieuse : dans la prière du Notre Père que Jésus a laissée, n’invite-t-il pas à « pardonner à ceux qui nous ont offensé » ? Le pardon est aujourd’hui devenu largement profane, il s’est laïcisé. Mais entendons-nous sur la signification exacte du pardon : pardonner ne signifie pas oublier ni refouler ses rancœurs. Ce ne serait alors qu’un leurre qui ne ferait que retarder le soulagement escompté. Un pardon sincère dissout les douleurs et ouvre le champ à des horizons nouveaux. Cela demande avant tout du temps et il est vain de succomber à la tentation d’accélérer le processus en entre-passant ses ressentiments dans l’espoir d’être soulagé plus vite. Un élément du pardon est important : le repenti de l’offenseur. Idéalement, ce dernier est sensé prendre conscience de sa faute, exprimer des regrets et demander pardon. Cela demande une prise de conscience et une humilité dont le pervers est absolument incapable, sauf s’il s’agit d’une ultime tentative de manipulation…

Le pardon est un acte fort. La plupart des religions, des philosophies et des thérapies prônent cette démarche libératrice, en reconnaissant pourtant la difficulté à la mettre en œuvre. Les étapes pour y parvenir sont les suivantes : reconnaître (et faire reconnaître par l’offenseur) sa souffrance, manifester auprès de lui pourquoi et comment on a été affecté en laissant s’exprimer sa peine et/ou sa colère, examiner la part de responsabilité de chacun dans l’offense pour parvenir à la dernière étape : remettre à celui qui nous a offensé ses mauvais sentiments en lui pardonnant. Par ailleurs, il est un piège à éviter : confondre pardon et réconciliation. La démarche personnelle de « remise de dette » n’implique pas automatiquement la reprise de relation avec l’offenseur s’il est incapable de remise en cause, ce qui est le cas pour le pervers. L’acte de pardon consiste donc dans le fait de tourner une page douloureuse, sans amertume, condition sine que non pour accéder à une paix intérieure.

Quand le pardon est impossible…

La faculté de pardonner est à la portée de personnes dotées d’une certaine intelligence relationnelle. En accédant au pardon de leur bourreau, ces personnes vont décupler leurs chances d’être de nouveau heureuses. Mais le pardon est un acte difficile à mettre en œuvre et certaines personnes n’y parviennent pas. La victime, que l’on incite fortement à pardonner, peut vivre cette injonction comme une menace sur sa convalescence, interprétant cette sommation comme une nouvelle contrainte insupportable. Après avoir été instrumentalisée, la victime revendique à juste titre le droit de faire le choix de ne pas pardonner, si cela lui demande trop d’énergie et ne lui parait pas juste. Car pardonner, c’est décider de laver l’offense, c’est soulager l’agresseur du poids de sa faute. Or absoudre un pervers n’a pas de sens puisqu’il ne le demande pas et qu’il est dans l’incapacité de se repentir et d’accueillir cet effort moral. Il convient néanmoins de trouver un compromis acceptable et se garder de la haine qui annihile le rapport à l’autre, autant que le rapport à soi… Ne pas pardonner pourrait simplement signifier qu’on tourne la page avec sérénité, qu’on décrète une amnistie pour regarder l’avenir avec quiétude, ayant tiré les leçons de cette lourde épreuve.

Si le pardon parait impossible, je conseillerais donc de mettre cette injonction de pardon à distance, en comptant sur le temps pour faire son œuvre. On dira à son entourage insistant qu’on a besoin de se reconstruire sans s’imposer cette nouvelle contrainte mais on entamera personnellement un conditionnement mental consistant à se dire régulièrement qu’il serait préférable pour soi de parvenir à libérer son cœur de ses ressentiments négatifs. Un moyen de faciliter ce travail libérateur peut être dans un premier temps d’engager le processus menant au pardon en s’évertuant à accepter progressivement l’épreuve qu’on a traversée, tout en ayant l’intention de garder pour soi le pardon de l’agresseur. Nous aborderons à l’occasion de notre prochaine série d’article consacrée à l’estime de soi le processus d’acceptation permettant le pardon. Quoi qu’il en soit, gardez bien à l’esprit que le non pardon permet au pervers de garder une certaine emprise sur sa victime alors que seul le pardon permet à la victime une LIBERATION TOTALE.

 

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